Chroniques de Bátor 13: Encore un van

Un matin, dans une clairière, au lieu de partir comme à l’accoutumée, nous ne bougeons pas. Ferenc fait un grand feu sous la pluie et me laisse brouter librement pendant un toute la matinée. Dans l’après-midi, il m’attache de nouveau. Il pleut sans s’arrêter. Je suis trempé comme une soupe, Ferenc aussi. Je le rejoint vers le feu où nous passons un moment à nous sécher entre les averses. A chaque accalmie, Ferenc range peu à peu le matériel, essayant de le faire sécher.

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Je sens que le départ s’approche finalement: toutes les affaires sont empaquetées et appuyées à un tronc d’arbre. Ferenc me libère pour me laisser brouter, juste avec une courte longe. Il me garde d’un œil, tout en s’occupant de son feu. Il a faim lui aussi et se prépare quelque chose à brouter. Son attention sur moi se relâche, bientôt, il ne pense plus qu’à sa pitance. Pas le moindre regard dans ma direction. J’en profite pour m’éclipser discrètement en direction d’un coin d’herbe entraperçu la veille. Ici, il n’y a plus rien d’intéressant à brouter.
Ni vu, ni connu, je remonte la route en évitant les quelques bolides qui y passent. A peine arrivé à l’entrée du village, je commence à brouter de l’herbe bien grasse. Mais cela ne dure pas longtemps. Un homme vient prendre la corde et m’attache à la barrière. L’herbe est toute proche, mais impossible d’en profiter !
Deux déguisés en bleu, avec des casquettes arrivent et me regardent sous toute les coutures. Ferenc nous rejoint peu après, discutent un moment avec les porteurs de casquettes avant de me ramener dans la clairière. Il me selle et arrime le paquetage. Nous retournons au coin d’herbe au début du village où je peux enfin brouter.
La séance de pâture s’interrompt avec un van dans lequel je dois monter. Je commence à avoir l’habitude et je ne me fais pas prier pour y entrer. Le voyage ne dure pas trop longtemps, et me voilà de nouveau sur la terre ferme, dans un enclos où ont passé pas mal de chevaux et de vaches avant moi. Il n’y a presque plus rien à brouter et il continue à pleuvoir. Heureusement, je reçois du foin.