Depuis que Ferenc est arrivé, tout se transforme. Finies les journées en pâturages avec mon troupeau. Je vis maintenant avec Sonya, une charmante jument konyik, qui ressemble furieusement à ma mère.
Nous sortons le matin et le soir faire des balades, seuls ou avec Sonya et Flora. Nous passons aussi pas mal de temps à jouer dans le corral, à faire des cercles, des accélérations et des freinages, des changements de direction, aller en avant ou en arrière, le suivre partout, avec ou sans corde.
Plusieurs jours passent ainsi. Nous sommes prêts à partir. Mes nouveaux fers me vont à merveille, mais j’avoue ne pas être à l’aise sur les routes, autant à cause du bruit que de l’adhérence. Mais Ferenc attend toujours les sacoches qu’il compte me mettre sur le dos et Sonya a vraiment besoin de se faire tailler les sabots.
En fin d’après-midi, nous partons, Ferenc et moi, accompagné de Sonya et Flora. Après deux heures de chemin, le soleil se couche, puis la nuit s’installe. Nous continuons le long d’une route heureusement désertée par les bolides infernaux, dans l’obscurité la plus totale. Ferenc n’est peut-être pas le plus fin des cavaliers, mais en tout cas, il n’a pas froid aux yeux. Avec lui pour me guider, pas de souci pour affronter la noirceur du trajet.
Szilard nous rejoint en route et nous donne une lampe que Ferenc se met au front.
Plutôt rigolo d’avancer comme ça, dans la fraîcheur de la nuit…
Le lendemain, Sonya se fait tailler les sabots et nous repartons dans l’autre sens.

J’espère que Ferenc n’a pas l’intention de m’emmener rendre visite à ma mère avec ce rythme décalé! Arriver au milieu de la nuit, passe encore, mais devoir avancer en plein soleil de mi-journée, alors ça, pas question! Pour cette fois, je n’ai rien dit. Mais s’il prend cette sale habitude, je vais faire la grève !!!
Une fois de retour, après quelques heures de pause, essais multiples avec les sacoches enfin arrivées.

