Je suis un kunfakó, né dans la grande plaine hongroise, au milieu de mon troupeau de cinquante autres chevaux.

Nous sommes nés librement dans de grands pâturages. Nous y vivons été, comme hiver, tout le temps dehors, pas comme les vaches qui sont périodiquement enfermées.
Moi, Bátor, déteste être entre quatre murs. Me mettre à l’abri du vent et de la pluie, volontiers, mais je tiens absolument à pouvoir sortir quand je veux.
Pour manger, l’herbe de nos prés suffit amplement, nous avons de l’eau à plusieurs endroits. Lorsque la neige recouvre le sol, nous avons des bipèdes qui nous amènent du foin, le matin et le soir.
Mes toutes premières années, je les ai passées à courir dans les prés avec ma harde, à faire le fou avec les miens. Les bipèdes passaient de temps en temps pour prendre l’un ou l’autre d’entre nous, lui montaient sur le dos, et le ramenaient ensuite.
Mon tour finit par arriver. Plutôt rigolo ces bipèdes, on tourne dans tous les sens, on se court après, on s’arrête brusquement. J’ai même appris à reculer ! Les premiers temps, personne ne me montait sur le dos. Très bien. Je n’y tenais pas vraiment. Mais un jour, András m’a grimpé dessus et expliqué comment faire. Passés les premiers moments surprenants, et donc désagréables, la sensation est plutôt enrichissante.

Jour après jour, nous nous sommes entraînés, puis nous sommes partis pour un long voyage vers la Transylvanie, près de deux milles kilomètres aller-retour. Un vrai plaisir que de bouger au quotidien, découvrir des nouveaux horizons. Mais maintenant, je suis de retour dans mes prés habituels.
