Chroniques de Bátor 7: Séparation et liberté retrouvée

Chouette matinée à trottiner sur des chemins herbeux. Brusquement, Sonya et Flora s’arrêtent. Son paquetage lui est enlevé, mais non le mien. Suspect tout ça !
J’avais raison de me méfier. Ferenc et moi continuons, mais sans les autres. Je hennis tant que faire se peut, mais Ferenc est aussi intraitable que moi au bac. Nous traversons un pont au trot, Ferenc courant devant. Je jette de nombreux coups d’œil derrière, essayant de lui faire comprendre qu’on ne peut pas les laisser là. Mais Ferenc ne veut rien savoir. A chaque fois qu’il monte, j’en profite pour me retourner et partir sur nos traces.
Rien n’y fait.
Après une petite avance, Ferenc m’attache à un arbre et part explorer une ferme. Il revient bientôt pour me décharger, me donner de l’eau et me montrer un chouette coin où manger.
Après la pause , nous faisons un bout de trot, un peu de marche avec Ferenc à pied devant, et on recommence.
Le soir, on s’arrête au bord du Kőrős au cours tranquille. Tout a l’air bien. Ferenc se déshabille et se lave pendant que je pais.

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Aux derniers rayons de soleil, Ferenc se prépare de quoi brouter. Le paradis se transforme bientôt en enfer. Des moustiques jaillissent de partout, avides de sang chaud. Ils se précipitent sur moi. Quand je cours en tous sens, ils ne peuvent se poser. Mais dès que je m’arrête, ils recommencent.
Ferenc aussi se fait dévorer. Il déplace les affaires et nous éloigne de la rivière, par deux fois, mais peine perdue. Les moustiques ont trouvé de quoi bouffer et ils ne sont pas près de nous lâcher.
Ferenc se planque dans un sac et je ne vois de lui qu’un long boudin qui s’agite parfois.
Moi, je tourne autour de mon arbre, encore et encore. Je broute un peu et recommence a tourner.
A l’aube, je n’ai plus beaucoup de mobilité à cause de la corde qui entoure le tronc d’arbre. A force de tirer, je parviens à me libérer de mon licol et suis libre comme l’air !
Youhou !
Je pars au galop pour me débarrasser des derniers moustiques et ne m’arrête qu’au premier champ de luzerne. Je continue ensuite au petit trot pour retrouver Sonya, attachée à son piquet. Plusieurs véhicules me passent à coté. Ces bipèdes-là ne me plaisent pas du tout. Un drôle d’air lorsqu’ils me regardent. En tout cas, ils peuvent toujours courir pour m’attraper!
Un autre bolide me dépasse sur le chemin de terre et Ferenc en sort. Interloqué, je ne bouge pas une oreille lorsqu’il s’approche de moi et me passe à nouveau le licol. Après avoir bu un coup, on se remet en route.

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Chroniques de Bátor 6: Le bac.

Cette fois-ci, on dirait qu’ils ont compris: le soleil n’est pas encore levé qu’ils sont déjà en train de se préparer et lorsque le soleil rougeoie, nous sommes en route. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer !
La matinée est plutôt sympa, avec un long bout à l’ombre en forêt et une petite heure de trot pour arriver dans un village, où nos prédateurs préférés s’arrêtent pour nous donner à boire et aller se chercher de quoi brouter. Nous venons à peine de nous remettre en route quand nous croisons un duo, dont un homme qui ressemble à Ferenc avec 2o ans de plus.
Et changement de direction.
Nous faisons quelques kilomètres pour passer l’après-midi à manger peinard, à l’ombre. Le soir, nous ne bougeons pas non plus. Sonya est ravie. Elle en a marre de se faire tirer sur la longe pendant les sessions de marche. Ce n’est pourtant pas de sa faute si elle a des petites pattes et ne peut suivre mon rythme. Mais à force de tirer sur la corde, Flora lui a fait une petite blessure. Trois fois rien, mais mieux vaut qu’elle se referme de suite que de continuer et de l’aggraver.
Pour la nuit, ils nous rapprochent d’eux.

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Le lendemain, de nouveau départ avant l’aube. Nous faisons une belle tirée, à trotter le long de petites routes désertées. Brusquement, la route s’arrête et plonge dans l’eau. Pratique pour boire.
En revanche, pour continuer, c’est plus compliqué. Nous attendons un moment puis arrive une énorme machine bruyante et puante où grimpent nombre d’autres petits bolides. Sonya y monte aussi.
Mais moi, pas question. Je refuse de mettre un sabot sur ce rafiot dégueulasse. Et rien ne me fera changer d’avis. Ferenc a beau me parler doucement dans l’oreille, tirer sur la corde, me frapper les fesses avec, me faire tourner dans tous les sens, me bander les yeux, rien n’y fait ! Je ne monterai pas ! Non, non et non !

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Ils finissent par abandonner, pour essayer un peu plus tard. Peine perdue. Ma décision est prise…
Nous faisons demi-tour et trouvons un coin ombragé pour nous remettre de ces émotions et laisser passer les grosses chaleurs.
Nous longeons le fleuve du même côté et passons la nuit non loin d’un champ de luzerne où nous pouvons paître un moment avant de nous faire attacher dans un champ de blé fraîchement moissonné, rempli de paille.

Chroniques de Bátor 5: Départ

Décidément, ils ne sont pas rapides ! Avec Sonya, nous pensions partir avec le soleil levant, comme il se doit. Mais non. À l’aube, pas un mouvement.

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Alors que le soleil a déjà avancé un peu, ils se lèvent enfin pour nous donner à boire.
Les selles installées, les sacoches arrimées, tout semble prêt pour le départ d’une nouvelle journée en pleine chaleur. Heureusement, ce n’était qu’un faux départ. Ils nous libèrent de notre chargement pour nous remettre au pré.
En fin d’après-midi, nous partons enfin.

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Mais le soleil ne met pas long à se coucher. La nuit tombe sans que l’on ne croise la moindre ferme où trouver de l’eau. Nous avançons dans l’obscurité jusqu’à voir des lumières. Tout le monde boit, puis nous continuons encore un peu pour entrer dans une propriété.
À la lumière des lampes, nous voyons les yeux des chiens qui courent en tous sens, faisant un raffut d’enfer. Mais pas d’humain.
Une jument et son poulain viennent nous saluer et nous montrent où se cache le bipède local. Ils sont comiques ces humains! Ils disent que nous sommes des animaux de proie, que nous ne pensons qu’à fuir. Et voila que nos prédateurs apprivoisés appellent à grands cris l’autochtone qui ne pense qu’à se cacher et à observer en silence !
Finalement, nous faisons demi-tour. Du coup, l’homme planqué allume sa lampe, et se fait immédiatement repérer. On y retourne et, après quelques tergiversations supplémentaires, on finit quand même par nous décharger et nous mettre à brouter.

Chroniques de Bátor 4: Ultimes préparatifs

Depuis que Ferenc est arrivé, tout se transforme. Finies les journées en pâturages avec mon troupeau. Je vis maintenant avec Sonya, une charmante jument konyik, qui ressemble furieusement à ma mère.
Nous sortons le matin et le soir faire des balades, seuls ou avec Sonya et Flora. Nous passons aussi pas mal de temps à jouer dans le corral, à faire des cercles, des accélérations et des freinages, des changements de direction, aller en avant ou en arrière, le suivre partout, avec ou sans corde.
Plusieurs jours passent ainsi. Nous sommes prêts à partir. Mes nouveaux fers me vont à merveille, mais j’avoue ne pas être à l’aise sur les routes, autant à cause du bruit que de l’adhérence. Mais Ferenc attend toujours les sacoches qu’il compte me mettre sur le dos et Sonya a vraiment besoin de se faire tailler les sabots.
En fin d’après-midi, nous partons, Ferenc et moi, accompagné de Sonya et Flora. Après deux heures de chemin, le soleil se couche, puis la nuit s’installe. Nous continuons le long d’une route heureusement désertée par les bolides infernaux, dans l’obscurité la plus totale. Ferenc n’est peut-être pas le plus fin des cavaliers, mais en tout cas, il n’a pas froid aux yeux. Avec lui pour me guider, pas de souci pour affronter la noirceur du trajet.
Szilard nous rejoint en route et nous donne une lampe que Ferenc se met au front.
Plutôt rigolo d’avancer comme ça, dans la fraîcheur de la nuit…
Le lendemain, Sonya se fait tailler les sabots et nous repartons dans l’autre sens.

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Lieu où les bipèdes aiment s’installer pour ne rien faire…

J’espère que Ferenc n’a pas l’intention de m’emmener rendre visite à ma mère avec ce rythme décalé! Arriver au milieu de la nuit, passe encore, mais devoir avancer en plein soleil de mi-journée, alors ça, pas question! Pour cette fois, je n’ai rien dit. Mais s’il prend cette sale habitude, je vais faire la grève !!!
Une fois de retour, après quelques heures de pause, essais multiples avec les sacoches enfin arrivées.

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Tout ce qu’il faut charger…

Chroniques de Bátor 3: mon cavalier est arrivé !

Je savais bien qu’il allait venir. Je commençais à être impatient, car András m’a expliqué que nous allions partir pour la Transylvanie, où je suis déjà allé il y a quelques années. Ma mère et ma sœur vivent là-bas et nous devrions aller leur rendre visite.
Mais il semble que les choses vont traîner encore un peu. En tout cas, je l’ai fait courir un peu, le François. Pas question de me laisser attraper tout de suite, alors qu’il y a maintenant des mois qu’il avait disparu sans venir me dire bonjour.

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Le gite ou nous vivons avec Ferenc, 200 m a coté de chez András

Il n’a pas beaucoup fait de progrès en équitation; je dirais même qu’il a régressé un peu. Mais je tiens à aller rendre visite à la famille, je le ménage et suis vraiment gentil avec lui, histoire de ne pas le décourager. Nous commencerons le voyage avec ma copine Sonya.

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La ferme d’András

Mais le départ est un peu repoussé, car si j’ai des fers tout neufs, Sonya doit aller se faire tailler les sabots. Nous partons ce soir pour la ferme de Szilard, à une petite vingtaine de kilomètres, où elle va se faire manucurer.

Et demain, nous retournons chez András.

Le terrain d'entrainement chez András
Le terrain d’entraînement chez András

Et deuxièmement, François attend toujours ses sacoches en cuir. Si tout va bien, le fabricant les livrera demain matin, pour notre retour de chez Szilard. En fin d’après-midi, lundi 5 août, nous devrions nous mettre en route.

Les Chroniques de Bátor 2: Chez Szilard

Alors que la neige n’était pas encore installée, Ferenc est revenu me chercher. Je savais qu’il allait venir et quand András m’a amené dans le pré autour de la ferme, je me suis douté de quelque chose…
Depuis que Ferenc est entré dans ma vie, plus personne d’autres ne me monte. Tant mieux, car l’été passé, des dizaines et des dizaines d’enfants me grimpaient dessus au quotidien et faisaient un peu n’importe quoi. J’ai beau être patient et gentil, je commençais à en avoir marre!
Dès qu’il est arrivé, nous sommes allés chercher du matériel et en route. Tout le monde marchait pour commencer. Il a bien fait, car comme je ne l’avais pas vu depuis longtemps, je pense que je lui en aurais fait voir de toutes les couleurs s’il avait commencé tout de suite par me sauter dessus.
Nous avons traversé plusieurs petites villes avec ces monstres hurlant et puant qui ne quittent heureusement pas ces pistes grises. Quelle surprise de retrouver Szilard! je l’avais presque oublié: l’un des premiers bipèdes à m’avoir appris le métier .

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Szilard et Pongo

Nous avons passé plus d’une lune dans sa ferme, avec des chevaux que je ne connaissais pas, mais plutôt sympathiques. Chacun avait son foin et tout allait donc bien. Les pauvres restaient souvent sans bouger, alors que moi, avec Ferenc, on s’amusait bien. Le matin, nous faisions des exercices avec des cordes, des obstacles, à terre, ou avec lui sur mon dos. Pas à dire, il a fait de sacrés progrès depuis la première fois!

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Le terrain d’entraînement

L’après-midi, nous sortions faire des promenades, en général seulement Ferenc et moi. Il n’est pas facile à traiter ce Ferenc. Dès que nous étions seuls dehors, je comptais bien profiter de son manque d’expérience pour m’amuser un peu, mais il ne me laissait pas faire. Si je ne lui obéissais pas, il me faisait tourner en rond pendant un moment et, à force, j’ai accepté d’aller où il voulait.
D’autres fois, nous partions à plusieurs. J’avoue détester devoir rester derrière les autres. Je ne m’appelle pas Bátor (le valeureux en hongrois) pour rien ! Et là, je dois dire que le Ferenc me plaisait bien: il est un peu comme moi et n’aime pas trop rester dans les rangs derrière. Dès qu’un galop était lancé, nous passions devant tout le monde. Et Ferenc se faisait ensuite engueuler par les autres cavaliers qui avaient toutes les peines du monde à retenir leurs chevaux. Jamais il ne m’a rien dit parce que je les dépassais, au contraire, il avait l’air d’aimer ça…
À ce rythme, nous avons passé un bon bout de l’hiver ensemble. Puis il m’a ramené chez András.
En me quittant, il m’a expliqué que l’été prochain, au lieu de subir ces hordes de gamins hurlant, nous partirions ensemble rendre visite à la famille: maman et une de mes sœurs qui vivent à l’Est de la Transylvanie.
Le temps a passé, la neige a fondu, l’herbe a poussé, les grandes chaleurs sont arrivées et il n’est toujours pas là. Mais je pense qu’il ne va pas tarder…

Chroniques de Bátor 1: rencontre d’un nouveau cavalier

L’automne passé, alors que je broutais avec mes semblables; j’ai vu András arriver, accompagné d’un bipède près de deux fois plus grand que lui, avec de longs cheveux et une barbe tirant sur le roux. Cela fait des lunes et des lunes que personne n’était venu me chercher, aussi j’ai commencé par les faire courir un peu. Mais je connais bien András, et je me suis laissé approcher.
Dès que la bride était installée, le grand l’a prise en main et m’a emmené faire un petit tour en courant. Nous sommes allés vers la ferme et avons passé plusieurs jours à faire des balades dans le grand pré autour des bâtiments. Chaque fois que je voulais aller plus vite, le barbu m’en empêchait. J’ai rapidement compris pourquoi: il ne ne savait pas comment rester sur mon dos en cas d’accélération et risquait de tomber par terre.
Nous avons passé de longs moments ensemble. Il m’emmenait brouter de l’herbe bien verte et me jouait de la flûte ou me chantait des chansons. Puis, il est parti quelques semaines pour revenir un peu plus aguerri. Il tenait beaucoup mieux son assiette et pouvait tenir un trot peu rapide.
Il m’a dit s’appeler Ferenc. Il doit revenir cet hiver…

La jeunesse de Bátor

Je suis un kunfakó, né dans la grande plaine hongroise, au milieu de mon troupeau de cinquante autres chevaux.

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Une petite partie de mon troupeau

Nous sommes nés librement dans de grands pâturages. Nous y vivons été, comme hiver, tout le temps dehors, pas comme les vaches qui sont périodiquement enfermées.
Moi, Bátor, déteste être entre quatre murs. Me mettre à l’abri du vent et de la pluie, volontiers, mais je tiens absolument à pouvoir sortir quand je veux.
Pour manger, l’herbe de nos prés suffit amplement, nous avons de l’eau à plusieurs endroits. Lorsque la neige recouvre le sol, nous avons des bipèdes qui nous amènent du foin, le matin et le soir.
Mes toutes premières années, je les ai passées à courir dans les prés avec ma harde, à faire le fou avec les miens. Les bipèdes passaient de temps en temps pour prendre l’un ou l’autre d’entre nous, lui montaient sur le dos, et le ramenaient ensuite.
Mon tour finit par arriver. Plutôt rigolo ces bipèdes, on tourne dans tous les sens, on se court après, on s’arrête brusquement. J’ai même appris à reculer ! Les premiers temps, personne ne me montait sur le dos. Très bien. Je n’y tenais pas vraiment. Mais un jour, András m’a grimpé dessus et expliqué comment faire. Passés les premiers moments surprenants, et donc désagréables, la sensation est plutôt enrichissante.

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András et le « petit » pâturage

Jour après jour, nous nous sommes entraînés, puis nous sommes partis pour un long voyage vers la Transylvanie, près de deux milles kilomètres aller-retour. Un vrai plaisir que de bouger au quotidien, découvrir des nouveaux horizons. Mais maintenant, je suis de retour dans mes prés habituels.

Les Chroniques de Bátor 0

Ça vient, ça vient…

Pour l’instant, regardez juste à droite, sous pages: il y une introduction aux Chroniques, ainsi que deux coupures de presse, avec des photos de Bátor !!!

Introduction

Plus que quelques jours avant le départ pour les retrouvailles avec Bátor, le valeureux. Je suis impatient de le retrouver et me demande des fois s’il se rappelle de ce barbu qui lui a fait faire toutes ces balades hivernales. En tout cas, il faudra le ré-apprivoiser, après 5 mois de liberté totale dans des pâturages de plusieurs dizaines d’hectares, en troupeau avec une cinquantaine de ses congénères.
Je suis très honoré de m’atteler à la noble tâche de vous conter les hauts faits de Bátor le valeureux. En tant que chroniqueur, je vais tâcher de recenser fidèlement ses exploits, de vous faire voir ce voyage par ses yeux. Par la même occasion vous aurez aussi de temps en temps des nouvelles de son cavalier, vu par l’œil de sa monture…
Dès les lettres suivantes, le « je » sera donc Bátor, et non François, Ferenc. Au fil du temps, on risque de bien rigoler à voir l’anthropomorphisation des pensées du cheval, et l’équinisation du comportement humain!

Le projet de base était de partir pour la Turquie, depuis la Hongrie.

Mes notions d’équitations laissant à désirer, je me suis tourné vers la Hongrie où, grâce à l’aide d’une amie hongroise dont la maman gère la rédaction de magazines équestres, j’ai pu trouver le cheval que je cherchais: petit, endurant, robuste et de bon caractère. En plus, il est jeune, 6 ans, et a déjà voyagé jusqu’en Transylvanie et retour, soit près de 2 000 kilomètres.
Le premier séjour de 6 semaines, en automne 2012, m’a permis de faire sa connaissance et de passer quelques jours en sa compagnie. Mais très vite, je l’ai laissé pour aller apprendre les bases de l’équitation dans une autre ferme, avec un autre cheval, histoire que Bátor n’ait pas à endurer mes errements de néophyte. Une à deux heures de travail au sol et de monte à la longe le matin, suivre les sessions de dressage que pratiquait Szilard, l’après-midi. Ainsi, grâce aux conseils avisés de Szilard, j’ai pu apprendre les bases nécessaires, autant pour monter à cheval, que pour lui enseigner de nouvelles choses, que les soins à lui apporter, la manière de seller, de brosser, de curer les sabots, de caresser et vérifier les muscles en même temps, son alimentation, ce qu’il boit…

Après les fêtes de Noël en famille, retour en Hongrie pour une deuxième session d’apprentissage.
Cette fois, le but est de faire connaissance plus rapprochée avec Bátor. Dès le premier jour, une balade de vingt kilomètres pour passer de la ferme où vit habituellement Bátor à celle de Szilard, où nous continuons notre entraînement quotidien au dressage à et la monte. Avec une différence de taille: maintenant que Bátor est là, je peux aussi monter l’après-midi ! Du coup, on joue le matin dans le corral, et, l’après-midi, on sort se promener, que les deux, ou avec d’autres.
A ce régime, les habitudes s’installent dans le corps et lorsque je ramène Bátor à sa ferme après 5 semaines, je sens ses écarts latéraux et épouse ses bonds sans faire exprès! Grande victoire, car ces écarts, lors de nos premières sorties à deux, m’avaient souvent mis dans des états de déséquilibre proche de la chute…

Le projet de base était donc de partir pour la Turquie à travers Roumanie et Bulgarie. Mais après avoir contacté les autorités turques, elles m’ont interdit d’entrer chez eux à cheval.
Aussi, le voyage se transforme quelque peu. Toujours la Transylvanie pour commencer, où je suis invité à un mariage le 17 juillet, à quelques 500 kilomètres du point de départ. Nous allons tâcher de nous joindre à la fête, mais sans forcer. Le but est de préserver nos forces pour une longue randonnée, et non de se précipiter au début. Ensuite, Bátor vous tiendra au courant de nos décisions, via son chroniqueur attitré !